Nous aussi, aujourd'hui, nous sommes appelés par le Christ à devenir des pêcheurs d'hommes et de femmes, c'est-à-dire des croyantes et croyants qui par la simple force de leur foi dans leurs actes et leurs paroles en arrive à convaincre celles et ceux qu'ils rencontrent que la foi en ce Dieu qui se révèle par l'Esprit dans le Christ vaut vraiment la peine d'être vécue. Nous pourrions nous contenter d'une foi purement personnelle. Il s'agirait alors d'une relation d'amour entre Dieu et nous. Elle se vivrait dans notre c½ur et serait de l'ordre de notre intimité la plus profonde. Comme si la foi était une relation qui allait de nous à nous, c'est-à-dire qu'elle reste en nous. Une telle attitude va à l'encontre de toute forme d'expression amoureuse. Lorsque nous aimons notre regard se transforme, nous sommes plus attentifs aux mots que nous utilisons, nous nous émerveillons face à la personne aimée tellement elle semble pouvoir combler un ensemble de nos manques personnels. Les amoureux, ils se distinguent des autres. Cela se voit. Il suffit d'ailleurs de peu : un bref regard échangé, une main qui se glisse dans une autre, un ensemble de petites attentions qui change le cours de la vie. Et si nous ne sommes pas aveugles, nous voyons ces gestes de tendresse auprès de nos enfants, de nos parents, de couples d'amis. L'amour entre deux êtres se dévoile dans la réalité de nos vies.
S'il en est ainsi alors, qu'en est-il du rayonnement de notre relation avec Dieu. Celles et ceux qui croisent notre route sont-ils à même d'affirmer après quelques minutes, celui-là ou celle-là, ils doivent certainement croire vu leur façon de vivre leur vie, de parler des autres, d'être attentionné à la beauté de la création ? Avons-nous des visages et des corps de croyants ? Sommes-nous, comme Socrate, attentifs à tout ce que nous disions des autres soit vrai, utile et bon ? S'il en est ainsi, nous approchons de la vraie sagesse. Toutefois, le Dieu auquel nous croyons ne semble pas se satisfaire de cette sagesse uniquement. Non seulement nos paroles et nos actes doivent être vrais, utiles et bon mais ils doivent s'enraciner dans la source de toute vie, c'est-à-dire dans l'amour. En effet, c'est lorsque tout ce que nous disons et faisons trouvent leur enracinement dans l'amour de tout être humain et dans le respect de la différence que nous pouvons à notre tour devenir des pêcheurs d'hommes et de femmes. Comment faire ? Il suffit de mettre en pratique la théologie du supermarché. Elle est éminemment simple. La prochaine fois que nous faisons nos courses dans un grand magasin, en fait cela fonctionne aussi pour une petite boutique, je vous invite à regarder celles et ceux qui mettent les produits dans les rayons, celles et ceux qui servent au rayon des produits frais ainsi que les caissières et les caissiers. Non seulement les regarder mais se dire que Dieu vit en chacune et chacun de ceux qui sont entrain de nous servir. Si j'accepte que Dieu est en moi, je dois avoir l'humilité de reconnaître qu'il a choisi d'habiter en tout être humain quelle que soit sa condition physique, culturelle ou sociale. Dieu est en chacune et chacun de nous. Si nous sommes capables de reconnaître cette évidence et d'en vivre, nous deviendrons de véritables pêcheurs d'hommes et de femmes car nous vivrons avec cette conviction intime que Dieu se révèle à nous de la sorte. Mon regard sur les autres se transformera et nous aurons alors sur nous les vrais visages des croyantes et croyants qui vivent pleinement leur foi dans l'émerveillement de l'autre par le Tout-Autre.
Amen.