Et pourtant, l’amour, le vrai amour dérange toujours. Il faut quitter ses habitudes et ses parents pour vivre ailleurs avec quelqu’un qui n’a pas reçu la même éducation et qui n’a pas les mêmes centres d’intérêt. Et c’est pire encore avec un enfant. C’est la nuit qu’il faut se lever pour le nourrir, le consoler, le changer. Et pourtant le sourire de ce petit bébé, les premiers mots de ce petit enfant apportent beaucoup plus que l’on a donné. Mais cela, Judas ne pouvait pas le comprendre. Il ne pouvait pas comprendre la joie qu’éprouvent les hommes et les femmes qui travaillent comme bénévoles dans les hôpitaux et dans les centres d’accueil. C’est la même joie pour ces jeunes qui renoncent aux soirées bien arrosées pour accompagner des enfants handicapés. Il en est de même pour les moines et les moniales qui renoncent au confort d’une vie active et indépendante pour passer leur vie à prier pour les malades et les personnes isolées.
Non, Judas ne pouvait pas comprendre tout cela. Il aurait préféré que Jésus reste bien sagement auprès de lui, pour le consoler et pour lui dire de belles choses. Il n’était pas prête à aimer comme Jésus nous a aimés : se lever, quitter son petit confort dans le ciel, entouré par les anges et les archanges, et venir parmi nous. Si Jésus a pu le faire, c’était parce qu’il était porté, transporté par l’amour qui l’unissait à son Père. C’est quand on a rencontré l’amour qu’on devient audacieux, qu’on est prêt à aller partout, parce qu’on est riche de cette tendresse et qu’on veut la partager à tous ceux qui en ont besoin. Comme le Christ aimait se mettre à l’écart pour prier et être avec son Père, de même nous aussi nous avons besoin de nous arrêter et de venir prier ensemble le dimanche pendant la messe. C’est à ce moment-là que nous recevons encore une fois la plus belle preuve d’amour de Dieu pour chacun d’entre nous, son Corps et son Sang. C’est à ce moment-là que, portés par la prière des autres, de la communauté paroissiale, comme celle de toute l’Eglise répandue à travers le monde, nous pouvons repartir chez nous, riches de cet amour et forts de cette foi.
Non, Judas ne pouvait pas comprendre cela. Il avait peur de perdre son Jésus, comme un petit enfant a peur de perdre son petit ourson ou sa petite poupée. Il a préféré trahir Jésus plutôt que de perdre son petit confort. Jésus, lui, a tout quitté pour nous tendre la main et nous inviter à nous lever et à le suivre partout pour chanter la beauté d’un amour partagé. Nous pourrons alors lui dire : « la vie est belle avec toi, Jésus ».