Comme tant d’hommes et de femmes aujourd’hui encore, Marie ne fut pas épargnée par les souffrances de la vie. Et elle peut encore être signe pour chacune et chacun d’entre nous. Par les mots du Magnificat que nous venons d’entendre, Marie nous convie à chercher à exprimer notre reconnaissance en tout temps et en tous lieux : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte en Dieu mon Sauveur… Le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom ». Ce genre de phrases, il est aisé de les chanter quand tout va bien, quand la vie nous sourit abondamment, quand nous nageons dans une mer de bonheur, quand tout nous paraît si simple. Mais quand est-il lorsque nous avons le sentiment que tout est grisaille, que le sort s’acharne sur nous, que nous nous sentons prisonniers de solitude, que les êtres chers nous manquent car ils sont déjà de l’autre côté de la vie ou qu’ils ne prennent plus le temps de nous rencontrer, est-il encore si facile de chanter de telles phrases et d’exprimer notre reconnaissance pour tout ce que nous traversons et qui nous paraît tellement lourd à porter ? N’est-ce pas lorsque nous sommes privés de tout cela que nous découvrons la douleur du manque ? En nous appropriant les mots du Magnificat, nous sommes ainsi conviés à redécouvrir que la vie est avant tout un don et qu’il est donc fondamental de pouvoir rendre grâce et exprimé notre reconnaissance pour tout ce qu’il y a ou il y a eu de beau dans nos existences même si cela se redécouvre dans un passé lointain. Cherchons à trouver dans nos souvenirs, tous ces beaux moments d’amitié et de tendresse réconfortante. Nourrissons notre avenir de tout ce qu’il peut encore nous offrir. Rendons grâce à Dieu d’être ce Dieu qui nous accompagne par le biais de tant d’autres êtres humains et que nous pouvons à tout instant rencontrer dans l’intime de notre être. Portons un regard nouveau sur nos vies pour percevoir les signes de l’amour de Dieu à notre égard. Exprimons notre reconnaissance pour tous ces petits bonheurs qui ponctuent nos journées. Acceptons les merveilles que Dieu fait pour nous. Comme le soulignait un théologien belge, « la prière de reconnaissance de Marie nous montre qu’en toutes circonstances, même plongés dans la plus profonde détresse, il est possible de rendre grâce, de remercier ce Dieu qui nous aime et nous a tout donné ». Notre plus belle prière, conclut-il, « est de reconnaître les bienfaits, parfois des grands, plus souvent des petits, reçus dans la journée et pour lesquels il est bon de rendre grâce ». N’est-ce d’ailleurs pas ce que nous cherchons à vivre lors de chacune de nos eucharisties ? Rendre grâce pour tout ce que nous venons de vivre et demander l’accompagnement de l’Esprit Saint pour tout ce que nous aurons à vivre. Quelle que soient nos vies, ne nous laissons jamais voler l’espérance. Car l’espérance est une grâce, un don de Dieu qui nous porte en avant et qui nous permet à notre tour de rendre grâce.
Amen.