Elle aurait pu crier toute sa haine et son dégoût pour les apôtres. Ces hommes étaient tellement courageux qu’ils ont déguerpi dès le premier moment de l’arrestation de Jésus. Oh ! Ils sont beaux, ces lascars ! Quand Jésus faisait des miracles, ils étaient là. Quand Jésus annonçait un nouveau royaume, ils intriguaient pour avoir la première place. Mais, quand les soldats sont apparus avec leurs armes, ils ont disparu. Oui ! Marie aurait pu les écraser de toute son amertume de mère au cœur brisé. Mais elle leur avait pardonné. Pourquoi ? Comment ? Parce qu’elle priait. Parce qu’elle méditait tout cela dans son cœur.
Eh oui ! depuis le début, Marie est en prière. Elle guettait la présence de Dieu dans sa vie et elle a reçu la visite de l’ange Gabriel. Elle méditait tout cela dans son cœur et, quand son fils meurt sur la croix et que son cœur à elle est transpercé de douleurs, elle reste fidèle à la prière. C’est au cénacle qu’elle s’installe avec les apôtres, et c’est là qu’elle prie.
Les apôtres n’ose pas évoquer le passé, les bons moments passés avec Jésus, car aussitôt surgissait le souvenir de leurs trahisons. Non, avec Marie, comme Marie, ils laissaient de côté le poids du passé et espéraient un signe de réconciliation. C’est comme si, dans la prière, ils voulaient dépasser les sombres nuages de la culpabilité et atteindre le soleil rayonnant de la confiance et de la dignité. Oui, retrouver la confiance en soi et surtout celle de l’autre que l’on a trahi. Oui, retrouver sa véritable dignité, non pas celle d’un coupable, mais celle d’un enfant de Dieu tendrement aimé.
Alors vraiment cette première communauté des apôtres autour de Marie est à l’image de l’Eglise réunie non pas par amitié ou par sympathie entre nous (car il y a toujours de l’ambition et de la rivalité entre les hommes), mais réunie par la recherche de Dieu. Quand, parfois, dans un couple, on ne ressent plus d’amour, ni même de sympathie, c’est dans la prière, dans la recherche de l’amour et de la sympathie de Dieu qu’on peut retrouver la confiance en soi et la confiance dans l’autre. Faisons donc comme Marie, ou plutôt faisons comme les apôtres autour de Marie : profitons de celle et de ceux qui nous réunissent dans la prière pour retrouver la douceur de la tendresse de Dieu pour chacun d’entre nous. Alors oui, notre intimité avec Dieu aura un goût d’éternité.