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Répertoire
Philippe Henne
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14ème Dimanche ordinaire

« Paix à cette maison »

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crédit photo : Dominicains de Belgique

« Paix à cette maison » : telles devaient être les premières paroles que les disciples devaient prononcer en entrant chez des inconnus, car Jésus avait envoyé ses compagnons dans des villes et des localités qu’ils n’avaient pas encore traversées. On imagine la stupeur et la méfiance de ces habitants souvent repliés sur eux-mêmes, toujours inquiets qu’on vienne les attaquer et les voler. Voilà pourquoi, dans ce sombre contexte, les disciples devaient dire : « Paix à cette maison. » Le premier but était de rassurer les habitants : « Non, nous ne sommes pas des voleurs de grand chemin. Oui, nous venons avec de bonnes intentions », voilà comment les disciples pouvaient expliquer cette salutation. Ils montraient leurs mains : elles étaient vides, ils n’avaient pas d’armes. Cela n’est pas évident. Il suffit de voir dans nos campagnes les riches demeures entourées de grilles avec de gros portails fortifiés. Dans les villes aussi, les appartements devaient être sécurisés. Les portes sont épaisses. Les fenêtres sont équipées d’alarme. Nombreuses sont les personnes qui n’osent pas sortir le soir.

Voilà pourquoi nos messes dominicales peuvent être des moments privilégiés de paix.

En Norvège, à Oslo, l’entrée de l’église des Dominicains s’appelle la chambre d’armes.

Cela fait référence à une vieille coutume qui consistait à déposer ses armes en entrant dans une maison.

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Crédit photo : Lawrence Lew op

Et nous, est-ce que nous déposons nos armes avant de rentrer dans l’église le dimanche matin ?

Est-ce que nous nous débarrassons de notre rancune contre l’un ou de notre hostilité contre un autre ? N’avons-nous pas la chance de vivre un moment exceptionnel, celui d’être rassemblés en toute sécurité, sans esprit de concurrence ou de querelle ? C’est pour cela que les attentats commis contre les églises sont des crimes incompréhensibles, tout d’abord, parce qu’ils frappent des gens innocents, ensuite parce qu’ils détruisent des lieux de paix et de réconciliation.

Car la paix que les disciples souhaitaient aux habitants qu’ils ne connaissaient pas était beaucoup plus que l’absence de guerre. C’était un sentiment de plénitude, de bien-être comme à la fin d’un bon repas pris entre amis ou en famille. On a tout simplement le plaisir d’être ensemble et d’être réunis dans une bonne entente. C’est pour cela que l’évangile précise que, si l’hôte n’était pas un ami de la paix, celle-ci reviendra sur eux. Ne pas être un ami de la paix, c’est ne pas vouloir déposer les armes, mais garder en soi la méfiance et la rancune.

La célébration de la messe dominicale est l’occasion pour chacun d’entre nous de nous dire l’un à l’autre : « Paix à cette maison »,

c’est-à-dire paix à cette Église que nous voulons bâtir, cette communauté où la confiance peut régner parce que nous voulons faire ce que Jésus a fait, offrir à tous la joie d’être aimés.

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Crédit photo : Dominicains de Belgique