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Répertoire
Philippe Henne
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18ème Dimanche ordinaire

La vie de quelqu’un ne dépend pas de ce qu’il possède

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Crédit photo : Lawrence Lew op

« Je travaille tout le temps, mais on ne dérange jamais » :

voilà la belle leçon de sagesse que j’ai apprise d’un ami, professeur d’histoire de l’Église à l’Université catholique de Lille : « Je travaille tout le temps, mais on ne me dérange jamais. » Et c’est vrai qu’il travaillait tout le temps. Il a publié de très nombreux livres sur les missionnaires français au Tonkin, sur l’élection des évêques au Moyen Âge, sur les gestes liturgiques pendant la messe, etc. Il travaillait tout le temps, mais il voulait rester disponible. Le travail n’était pas pour lui un dieu. La serviabilité restait pour lui quelque chose de plus important.

Et c’est très important aujourd’hui. Combien de fois ne voit-on pas une personne âgée un peu dépassée au supermarché et il n’y a personne pour l’aider. Le personnel est toujours sous pression. Il ne faut pas perdre de temps. Le temps, c’est de l’argent.

Les infirmières connaissent bien ce problème. Beaucoup voudraient avoir plus de temps pour parler avec ce vieux monsieur qui a l’air un peu perdu ou avec cette dame qui est découragée et déprimée. C’est vrai que cela prend du temps et que cela ne rapporte pas tout de suite ses fruits. Le monsieur sera toujours un peu perdu et la dame ne retrouvera pas tout de suite la joie de vivre : elle doit être opérée. Mais cela aura apporté à ces deux personnes un timide rayon de soleil dans les ténèbres de leur vie.

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Crédit photo : Lawrence Lew op

Prendre du temps, c’est ce que Jésus a été capable de faire

avec la femme qui perdait beaucoup de sang et qui, dans la foule, avait touché son vêtement. Jésus était à ce moment-là très occupé : il devait aller chez la fille de Jaïre, un des chefs de la synagogue. Il était pressé. La jeune fille était gravement malade, mais il s’est arrêté parce qu’une femme au milieu de la foule avait touché son vêtement. La pauvre femme était toute terrorisée parce qu’elle avait fait, mais Jésus s’était arrêté.

Nous sommes souvent dans la même situation. On ne nous paie pas pour papoter, mais pour travailler et être rentable. Et, lorsque l’on rentre à la maison, on est bien fatigué et on n’a pas le temps, ni le courage d’écouter les jérémiades de l’un ou les plaintes de l’autre. On a des choses bien plus importantes à faire : payer les factures actuelles et prévoir les prochains frais. La vie est comme une rivière impétueuse, sans cesse emportée par de nouveaux remous, toujours agitée vers de nouvelles cascades. Tous, nous rêvons parfois de pouvoir ralentir et traverser un magnifique vallon, paisible, bordé d’arbres imposants et silencieux.

C’est ce que nous recherchons, et avec raison, tous les dimanches, pendant la messe dominicale : un endroit paisible où quelqu’un nous dit : « Je travaille tout le temps, mais je suis toujours prêt à t’accueillir. » Goûtons donc ce moment de paix et de tranquillité, et trouvons dans cette rencontre la chance de découvrir

la plus belle chose au monde : prendre son temps avec quelqu’un.

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Crédit photo : Lawrence Lew op