« Je travaille tout le temps, mais on ne dérange jamais » :
voilà la belle leçon de sagesse que j’ai apprise d’un ami, professeur d’histoire de l’Église à l’Université catholique de Lille : « Je travaille tout le temps, mais on ne me dérange jamais. » Et c’est vrai qu’il travaillait tout le temps. Il a publié de très nombreux livres sur les missionnaires français au Tonkin, sur l’élection des évêques au Moyen Âge, sur les gestes liturgiques pendant la messe, etc. Il travaillait tout le temps, mais il voulait rester disponible. Le travail n’était pas pour lui un dieu. La serviabilité restait pour lui quelque chose de plus important.
Et c’est très important aujourd’hui. Combien de fois ne voit-on pas une personne âgée un peu dépassée au supermarché et il n’y a personne pour l’aider. Le personnel est toujours sous pression. Il ne faut pas perdre de temps. Le temps, c’est de l’argent.
Les infirmières connaissent bien ce problème. Beaucoup voudraient avoir plus de temps pour parler avec ce vieux monsieur qui a l’air un peu perdu ou avec cette dame qui est découragée et déprimée. C’est vrai que cela prend du temps et que cela ne rapporte pas tout de suite ses fruits. Le monsieur sera toujours un peu perdu et la dame ne retrouvera pas tout de suite la joie de vivre : elle doit être opérée. Mais cela aura apporté à ces deux personnes un timide rayon de soleil dans les ténèbres de leur vie.