Cet appel à prendre ses distances par rapport à ses parents n’est pas isolé chez Jésus. Un homme voulait le suivre, mais il voulait tout d’abord enterrer son père. Jésus lui avait répondu : « Laisse les morts enterrer leurs morts » (Luc 9, 60). Il y a dans cette courte phrase quelque chose de dur et de presque inadmissible. Il est vrai que, dans la société antique, le poids de la famille était terriblement lourd et personne ne pouvait échapper à l’autorité paternelle, ni mener sa propre vie. Il fallait faire ce que papa avait dit et, le plus souvent, reprendre son métier, que ce fût à la ferme ou à l’atelier. Personne n’existait en tant que tel. On était toujours le fils d’un tel. C’était la même chose pour les femmes. Elles n’existaient pas en tant que telles. Elles étaient toujours la femme d’un tel. Elles perdaient à tout jamais leur propre nom, leur propre identité.
Et pourtant cet appel à quitter ses parents est bien présent dans l’Ancien Testament.
C’est ce que le Seigneur a dit à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père » (Genèse 12, 1). Jonas avait été envoyé à Ninive pour que ses habitants se convertissent et échappent à la condamnation divine. Marie reçut le message de l’ange à Nazareth, mais Joseph dut partir à Bethléem pour se faire recenser dans sa ville d’origine. Donc lui aussi avait dû quitter la terre de ses ancêtres pour ensuite s’installer en Galilée. L’histoire sainte commence donc par un appel à quitter son peuple et ses proches. Les apôtres eux aussi avaient reçu cet appel personnel du Christ de se lever et d’être prêts à partir dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle.