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Répertoire
Philippe Henne
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28ème Dimanche ordinaire

Avez-vous remarqué que l’évangile d’aujourd’hui fait une distinction entre la guérison et le salut ?

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crédit photo : Lawrence Lew, OP

Les dix lépreux sont guéris de leur terrible maladie, mais un seul est proclamé sauvé. Jésus le dit lui-même : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Le lépreux était déjà guéri. Qu’est-ce que cela veut dire : « Ta foi t’a sauvé. »?

Jésus avait envoyé les dix lépreux chez les prêtres pour que, conformément aux lois de l’Ancien Testament (Lévitique 14), ils montrent qu’ils sont bien guéris et qu’ils ont ainsi à nouveau le droit de vivre avec les autres dans le village, et non plus à l’écart, loin de tout contact avec les gens sains pour éviter toute contagion. Or, en cours de route, les dix lépreux furent purifiés. Ils pouvaient donc réintégrer la société. Que demander de plus ? Rien.

Et pourtant le dixième lépreux, le Samaritain, reçut quelque chose de plus : le salut.

Et le salut, dans ce cas-ci, consistait à pouvoir dire merci. La gratitude n’est pas une qualité si bien répandue. Les parents et les enseignants se plaignent, souvent à juste titre, de l’ingratitude de leurs enfants. Ceux-ci sont souvent durs et exigeants, rarement satisfaits, toujours en train de réclamer plus. C’est vrai : les parents, comme les éducateurs, ne sont pas parfaits. Ils donnent ce qu’ils peuvent et même souvent le meilleur d’eux-mêmes.

C’est comme dans un couple. Aucun des conjoints n’est parfait et personne ne peut pas attendre que l’autre soit sans défaut. Alors que reste-t-il, si ce n’est dire merci aux parents, aux enseignants et à son conjoint ?

Dire merci tout simplement parce qu’ils sont là et que, par leur présence, ils donnent un sens à notre vie.

Leur présence est un signe d’amour, maladroit peut-être, mais un signe d’attention, de bienveillance et, après bien des années, de complicité.

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Détail du triptyque de Louis XII, Albert & Victoria Museum - crédit photo : Lawrence Lew, OP

Il en était de même avec la Vierge Marie. Elle avait vécu avec Joseph qui l’avait transportée à Bethléem, puis en Égypte et finalement à Nazareth. Que d’aventures pour une toute jeune maman ! Mais elle ne s’était pas plainte. Elle a suivi son fils jusqu’à la croix et elle est restée fidèle à ses amis, les apôtres. Elle a fait tout cela parce qu’elle était pleine de reconnaissance : le Seigneur s’était penchée sur elle. Elle n’a pas considéré cela comme un droit. Elle n’a pas exigé du ciel qu’il lui apporte le confort et la sécurité pendant l’éducation du petit Jésus, ni pendant sa vie publique. En disant que son âme exaltait le Seigneur, elle disait merci à Dieu de bien vouloir se pencher sur elle. C’est toujours avec surprise qu’on découvre que quelqu’un est gentil et aimable. C’est un cadeau immérité. Malheureux sont les enfants et les adultes qui ne savent pas dire merci parce qu’ils trouvent qu’on ne fait pas assez pour eux.

C’est pour cela qu’on appelle eucharistie, c’est-à-dire action de grâce, remerciement, la belle prière que nous célébrons tous ensemble le dimanche en communauté. Le Seigneur nous donne la vie. Il nous donne son amour, sans compter, avec son Corps et son Sang.

Un homme devient grand quand il se met à genoux et qu’il dit merci.

Il quitte alors les marécages de l’adolescence révoltée pour se lancer dans l’océan de la vie, porté par l’amour de Dieu et de son conjoint, guidé par le Seigneur qui est devenu son berger.

Alors, oui !, soyons comme Marie et comme le Samaritain, tout étonnés de la gentillesse de Dieu pour chacun d’entre nous, et sachons faire comme eux, dire merci à Lui et à tous ceux qui nous entourent.

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Crédit photo : Lawrence Lew, OP