C’est le doute qui ronge et qui mine tout, même les plus fortes convictions : « Et si je m’étais trompé ? » Tout homme, toute femme s’est déjà posé cette question : « Qui es-tu ? Es-tu bien encore celui que j’ai épousé, celle que j’ai aimée ? » Pour Jean-Baptiste, la question est plus grave encore. Il va bientôt mourir, il le sait, il le sent. Ce Jésus est-il vraiment ce qu’il croyait : le Messie, le Sauveur tant attendu ? C’est comme si une femme disait à son mari : « Est-ce que tu m’aimes encore ? Est-ce que tu m’aimes vraiment ? »
Et parfois, cette idée s’impose comme une cruelle vérité : « Je ne ressens plus rien pour mon conjoint. Mon coeur est vide quand je le vois. La flamme de l’amour s’est éteinte en moi. » Alors Jésus répond à Jean-Baptiste : « Les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent. » Et c’est une bonne façon de répondre. Jésus nous invite à regarder autour de nous, de voir ce que notre conjoint a fait et fait encore pour nous. Oh ! Ce ne sont pas toujours de grandes choses. Le mari n’a plus rien d’un prince charmant qui arrive tout joli sur son beau cheval blanc. L’épouse n’est plus la femme éblouissante qui, par son sourire éclatant, illuminait le monde.
C’est cela, le temps de l’Avent : une période de désintoxication, de prise de distance par rapport à tous les éléments brillants et tapageurs des émotions superficielles.
C’est le temps du retour à l’essentiel, aux moments fondateurs de notre vie et de notre existence. Il y a des moments de vérité, des moments où on s’est senti vivre et exister. C’était au cours d’une brève rencontre. À ce moment-là, on s’est dit : c’est avec elle que je veux vivre, c’est pour lui que je veux vivre. C’est ce que Jean-Baptiste a vécu au bord du Jourdain quand Jésus était venu se faire baptiser. Il s’est dit : « C’est lui, l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. » Et, depuis lors, il le dit et le répète à tout le monde. Et, quand il est découragé, il se remet en tête cette rencontre qui a changé toute sa vie.