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Répertoire
Philippe Henne
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3ème Dimanche de l'Avent

Du fond de sa prison, Jean-Baptiste s’interroge

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© Portrait d'un couple anonyme, Musée national de Varsovie | via Wikimedia Commons

C’est le doute qui ronge et qui mine tout, même les plus fortes convictions : « Et si je m’étais trompé ? » Tout homme, toute femme s’est déjà posé cette question : « Qui es-tu ? Es-tu bien encore celui que j’ai épousé, celle que j’ai aimée ? » Pour Jean-Baptiste, la question est plus grave encore. Il va bientôt mourir, il le sait, il le sent. Ce Jésus est-il vraiment ce qu’il croyait : le Messie, le Sauveur tant attendu ? C’est comme si une femme disait à son mari : « Est-ce que tu m’aimes encore ? Est-ce que tu m’aimes vraiment ? »

Et parfois, cette idée s’impose comme une cruelle vérité : « Je ne ressens plus rien pour mon conjoint. Mon coeur est vide quand je le vois. La flamme de l’amour s’est éteinte en moi. » Alors Jésus répond à Jean-Baptiste : « Les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent. » Et c’est une bonne façon de répondre. Jésus nous invite à regarder autour de nous, de voir ce que notre conjoint a fait et fait encore pour nous. Oh ! Ce ne sont pas toujours de grandes choses. Le mari n’a plus rien d’un prince charmant qui arrive tout joli sur son beau cheval blanc. L’épouse n’est plus la femme éblouissante qui, par son sourire éclatant, illuminait le monde.

C’est cela, le temps de l’Avent : une période de désintoxication, de prise de distance par rapport à tous les éléments brillants et tapageurs des émotions superficielles.

C’est le temps du retour à l’essentiel, aux moments fondateurs de notre vie et de notre existence. Il y a des moments de vérité, des moments où on s’est senti vivre et exister. C’était au cours d’une brève rencontre. À ce moment-là, on s’est dit : c’est avec elle que je veux vivre, c’est pour lui que je veux vivre. C’est ce que Jean-Baptiste a vécu au bord du Jourdain quand Jésus était venu se faire baptiser. Il s’est dit : « C’est lui, l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. » Et, depuis lors, il le dit et le répète à tout le monde. Et, quand il est découragé, il se remet en tête cette rencontre qui a changé toute sa vie.


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© Adobe

Voilà notre mission de préparation pour la fête de Noël : rechercher dans notre esprit le souvenir de ces vrais moments de rencontre qui ont décidé de notre vie.

Il n’y en a pas beaucoup. Il n’y en a souvent qu’un, mais il est souvent oublié, enseveli sous la poussière des années, enseveli par tous les soucis de la vie quotidienne, parfois même écrasé par nos rancunes et nos déceptions. Alors il faut aller chercher dans notre coeur cette perle précieuse, l’arracher à la boue de la monotonie et de l’oubli.

Cette perle rare de cette rencontre amoureuse, nous devons la traiter comme le ferait un bijoutier. Doucement, tout doucement, nous enlèverons toute la saleté qui la recouvre. Nous pourrons alors la sortir et l’exposer à la lumière de l’amour de Dieu.

Alors cette pierre précieuse brillera de mille feux et nous saurons pourquoi : parce que nous vivons et que nous sommes aimés.

C’est ce que nous faisons tous les dimanches. En demandant pardon à Dieu de toutes nos fautes au début de la messe, nous lui demandons d’enlever toutes les impuretés qui couvrent notre coeur. En relisant la Sainte Écriture, nous nous rappelons toutes les merveilles qu’Il a faites pour nous et en communiant à son Corps, nous laissons la lumière de son amour éclairer notre coeur. Alors nous brillerons de mille feux comme une pierre précieuse à l’eau pure et transparente. Nous pourrons alors dire à tous les Jean-Baptiste du monde : « Oui, Jésus, c’est vraiment celui qu’on attendait. »

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© Petragems, CC BY-SA 4.0via Wikimedia commons