Article header background
Répertoire
Philippe Henne
image

5ème Dimanche de Pâques

« Aimez-vous les uns les autres »

image

Omaha Beach - crédit photo : Lawrence Lew, op

« Aimez-vous les uns les autres » : voilà un beau programme, mais loin d’être réalisé. Il suffit de voir les informations à la télévision : de nouveau, des guerres éclatent partout dans le monde ; de nouveau, des violences ensanglantent nos rues ; de nouveau, des disputes éclatent même dans les plus belles familles. « Aimez-vous les uns les autres » : voilà le programme que Jésus nous a donné il y a deux mille ans. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine.

Et c’est vrai que cela demande une réelle conversion.

Même dans la famille, il y a des enfants qui sont préférés, des oncles et des tantes avec lesquels on préfère parler, des cousins que l’on préfère éviter. Parfois avec raison, parfois simplement parce que nous n’avons aucune sympathie pour l’un ou pour l’autre. Et voilà que Jésus nous dit d’aimer tout le monde.

C’était facile pour lui ! Il était le Fils de Dieu. Et pourtant non, cela n’était pas évident, même pour lui. Relisez le début de l’évangile d’aujourd’hui : Jésus donna ce commandement quand Judas « fut sorti du cénacle ». L’évangile ne donne pas cette précision parce que Judas était exclu de cette recommandation, mais parce que l’apôtre aurait été incapable de comprendre ce nouveau commandement et que cela aurait peut-être augmenté sa haine ou son rejet par rapport à Jésus.

C’est la même chose dans une famille. Quand un enfant va mal, qu’il fait sa crise d’adolescence ou qu’il boude pour on ne sait pour quelle raison, il vaut parfois (et même souvent) mieux le laisser tranquille, parce que, si on essaie de l’amadouer ou même de lui faire un petit cadeau, il devient encore plus renfrogné et même parfois agressif.

image

Détail d'un tableau médiéval, Fitzwilliam museum, Cambridge - crédit photo : Lawrence Lew, op

Si Jésus dit : « Aimez-vous les uns les autres » quand Judas était sorti, c’était parce qu’il ressentait au plus profond de son coeur beaucoup de chagrin. Jésus savait ce que Judas allait faire. Jésus voyait ce disciple qu’il avait pourtant choisi s’éloigner de lui définitivement. Quand Jésus dit : « Aimez-vous les uns les autres », il avait devant les yeux Judas qui s’enfonçait dans la nuit. Ce n’est pas parce qu’un enfant fait des bêtises qu’une mère cesse de l’aimer. Parfois bien au contraire.

C’est pour cela que Jésus ajoute : « comme je vous ai aimés », c’est-à-dire non seulement jusqu’à mourir sur la croix, mais aussi aimer les gens antipathiques et même hostiles. Car des gens qui donnent leur vie pour d’autres personnes, il y en a beaucoup, et heureusement. Il y a les infirmières et les aides-soignantes dans les hôpitaux et dans les maisons de repos. Il y a les pompiers qui se jettent dans les flammes pour aller chercher un enfant qui crie et hurle de peur. Il y a aussi des conjoints qui veillent sur leur compagnon alors que ce dernier est rongé par la maladie ou emporté par des troubles psychiques dus à la vieillesse.

Ce que Jésus veut nous dire aujourd’hui, c’est qu’il ne faut pas seulement aimer ceux qui nous aiment et qui nous sont sympathiques, mais aussi les autres, tous les autres, ceux qu’on n’aime pas assez ou qu’on n’aime plus. Et pourquoi ? Tout simplement pour faire comme Jésus qui était porté, emporté par l’amour de son Père et qui pouvait ainsi se lancer dans les ténèbres de l’indifférence ou de la méchanceté

pour y apporter la lumière de la tendresse.

image

Crédit photo : op.org