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Répertoire
Philippe Henne
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6ème Dimanche de Pâques

C’est curieux ! C’est au moment où Jésus s’en va qu’il nous donne la paix. Ce n’était certainement pas le meilleur moment.

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Crédit photo : AdobeStock

Les apôtres sont rassemblés autour de lui pour ce dernier repas. C’est la dernière Cène. Tous sentent que quelque chose ne va pas. Jésus leur a lavé les pieds. Judas s’en est allé. L’atmosphère est lourde. Jésus parle longuement. Ce sont ses dernières paroles. Il va bientôt partir. Il sera bientôt arrêté et condamné à mort. Et c’est à ce moment-là qu’il leur parle de paix.

Comment pourrait-on être en paix quand on est près de quelqu’un qui va mourir ? Tous, on est inquiets, bouleversés par ces derniers moments qu’on passe avec lui. On voudrait le retenir, le garder encore quelques instants. Mais il n’y a rien à faire : il nous échappe.

La vie, c’est alors comme l’eau d’une rivière glisse entre nos doigts.

Et c’est à ce moment-là que Jésus nous parle de la paix, de sa paix. Non pas une paix qui serait une absence de guerre.
Quand les premiers chrétiens lisent ces paroles, ils ont déjà connu de terribles persécutions. Le premier, ce fut Étienne qui a été lapidé. Ce furent ensuite les martyrs pendant la persécution de Néron : l’empereur avait alors inventé les pires atrocités pour faire mourir les chrétiens. Les disciples de Jésus vivaient alors dans la peur d’entendre les soldats dans la rue qui, pendant la nuit, briseraient les portes et emporteraient tous ceux qu’ils soupçonnaient d’être chrétiens. C’était alors le règne de la peur. Comment Jésus pouvait-il parler de paix ?

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Crédit photo : Lawrence Lew op

Parce que cette paix, ce n’était pas l’absence illusoire de problèmes, ni de difficultés. Nous serons toujours confrontés à des problèmes de santé, des ennuis financiers. Et la mort sera toujours là, qui nous guette. Non, la paix, ce n’est pas l’effacement de toutes ces difficultés et de toutes ces craintes.

La paix, c’est la capacité de pouvoir les vivre avec sérénité.

Il y en a qui cherchent la paix dans l’alcool, la drogue et même l’abondance du travail. Quand on travaille beaucoup, on n’a pas le temps de penser. On vit alors dans un monde où tous les problèmes sont chassés, évacués. Mais cela n’est pas la paix de Jésus-Christ.

La paix que Jésus nous promet, il nous le dit : c’est la présence de l’Esprit :

« L’Esprit vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Ce n’est pas simplement le souvenir ému devant une photo ou une lettre jadis écrite par le bien-aimé maintenant disparu. C’est le souffle de l’Esprit qui ranime en nous la vie et nous donne la force de nous lever. Jésus est vivant et ressuscité. Il apporte en nous le désir d’aller vers lui et de faire des choses nouvelles. C’est comme pour un bébé : il se lève, il se redresse, il fait deux, trois pas, il va tomber, se faire mal et pleurer, mais il recommencera. C’est comme pour chacun d’entre nous : nous sommes parfois déçus et découragés, mais le souffle de l’Esprit peut prendre place dans notre coeur et nous donner envie de recommencer à vivre. Vivre non pas pour écraser les autres, mais pour laisser s’épanouir en nous cette force invincible que nous avons tous dans le coeur, celle d’aimer et d’être aimés.

C’est la paix de Jésus-Christ. C’est celle du fleuve qui traverse les marécages et les rochers.

C’est celle qui nous conduit jusqu’à l’océan de l’amour de Dieu.

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Crédit photo : AdobeStock