La première question qui se pose est de savoir pourquoi le monde de l’enfer et celui du paradis sont tellement séparés que nul ne peut en franchir la frontière.
Il y a aussi une autre question qui dérange : pourquoi Abraham dit-il à l’homme riche qu’il est puni parce qu’il a bien profité de la vie, alors que Lazare qui a beaucoup souffert dans sa vie a droit à la grande consolation du ciel ? Faut-il être pauvre et miséreux pour aller au paradis ? Est-il interdit d’être riche ou tout simplement d’avoir assez d’argent pour pouvoir vivre ? Est-il interdit d’être heureux sur terre ?
Face à ces questions, saint Luc a des positions très tranchées. C’est lui, et rien que lui, qui prononce des malédictions contre les riches : « malheur à vous, les riches !, car vous avez votre consolation ». En d’autres termes, malheur à vous qui avez la belle vie maintenant, parce qu’après ce sera terminé. Et, pour être sûr que le lecteur comprenne bien, saint Luc ajoute cette nouvelle malédiction : « malheur à vous qui êtes repus maintenant !, car vous aurez faim » (Luc 6, 24 - 25).
Cette violence étonne chez saint Luc, parce qu’il n’est pas tout le temps comme ça. Bien au contraire ! Il y a quinze jours, on avait lu la parabole du fils prodigue. C’était l’histoire de l’amour infini du père pour son fils qui avait fait les pires bêtises. On a envie de dire : ça c’est facile; à lui, on pardonne tout, tandis qu’à l’homme riche, on ne lui donne même pas une goutte d’eau alors qu’il souffre tellement. Quelle est la règle de justice dans ces différents traitements ?