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Répertoire
Philippe Henne
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Fête de Saint Dominique

Né vers 1170 à Caleruega en Espagne et décédé en 1221 à Bologne. Il est le fondateur et saint patron de l'Ordre des frères prêcheurs (Dominicains). Il est fêté le 8 août.

La vie de saint Dominique semble se partager en deux périodes bien distinctes. La première couvre son apostolat comme chanoine auprès de l’évêque Diègue d’Osma. Il avait alors rempli certaines fonctions politiques, comme la préparation au mariage d’un prince de la famille royale de Castille. Ensuite, c’est avec beaucoup d’intérêt et d’assiduité que les disciples de Dominique étudient sa période toulousaine, quand il fondit sa première communauté, quand les vocations se multiplièrent et que l’Ordre put se répandre à Paris et dans toute l’Italie. C’est la période enthousiasmante de la pleine expansion avec de nombreuses et belles conversions.

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Egbert Modderman, Saint Dominique - crédit photo : Dominicains de Belgique

Mais il est une période que l’on a parfois tendance à oublier ou à négliger. Or elle m’a toujours beaucoup inspiré. C’est la période de transition entre l’apostolat à Osma et les nombreuses missions en Europe. Ce fut pourtant une longue période : dix ans. Dix ans pendant lesquels Dominique resta seul, sans frère et sans argent, sans communauté où se ressourcer, ni monastère où se reposer. Dix ans pendant lesquels il marcha seul, entouré de cathares hostiles et violents. N’avait-il pas fait l’objet d’une tentative d’assassinat ? On en garde encore la trace avec une croix plantée auprès d’un champ le long de la route.

Ma question a toujours été : comment Dominique a-t-il pu rester si longtemps seul et abandonné ? N’a-t-il jamais douté ? N’a-t-il jamais connu le découragement ? Quelle pouvait être la force qui le soutenait durant ces longues semaines d’hiver ou ces chaudes journées d’été ?

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crédit photo : Lawrence Lew op

C’était sans doute le souvenir de cette rencontre dans une auberge. Il y avait découvert que son hôte, l’aubergiste, était cathare, fermement convaincu que la création était l’oeuvre d’un dieu mauvais et incompétent, que cette vie sur terre était une malédiction et qu’il fallait s’en arracher au plus vite. Horrifié par de tels discours, Dominique n’avait pu se retenir. Il y avait opposé l’expression de sa plus profonde conviction : non, Dieu n’était pas mauvais et ce qu’il avait fait, le ciel, la terre, l’homme et la femme, étaient de belles choses parce que lui, Dieu, l’avait voulu ainsi. La preuve, c’était que son Fils n’avait pas hésité à prendre notre chair, à partager notre vie et mourir par amour pour nous. Non, quand il songeait à tout cela, Dominique se disait qu’il avait bien fait : il valait mieux tout abandonner et aller au milieu de ces gens désespérés pour leur apporter la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tous les hommes.

Nous avons tous eu, nous aussi, notre rencontre de l’auberge, où, au bout d’un certain moment, on s’est dit : non, la vie n’est pas absurde, elle est belle parce que Dieu nous l’a donnée et qu’il l’a transformée par son sacrifice sur la croix.

Alors, oui, au cours de cette célébration de la fête de saint Dominique, retrouvons à l’intérieur de nous la lumière de cette expérience divine : Dieu nous aime à en mourir. Et, à l’image de saint Dominique, soutenus par sa prière et celle de tous nos frères, traversons le désert de la région de Toulouse pour parvenir à la lumière de la révélation divine de l’amour infini de Dieu pour tous les hommes.

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Crédit photo : Lawrence Lew op