Et pourtant ils étaient fort différents.
Pierre était un homme spontanément généreux. Il avait promis à Jésus de le défendre si jamais on voulait l’attaquer au jardin des Oliviers. Il avait commencé à le faire, en tirant son épée et en blessant un des serviteurs du grand prêtre, mais après cela par trois fois il prétendit ne pas connaître Jésus. Il était à la fois généreux et un peu timoré. Saint Paul était tout à fait différent. Il a toujours été fougueux et emporté, sans contrainte ni mesure. Il employa le même zèle et la même violence pour combattre les chrétiens et pour ensuite annoncer la Bonne Nouvelle aux païens. Rien ne pouvait l’arrêter, une fois qu’il avait décidé de se lancer dans l’aventure.
C’est très beau d’unir ces deux personnalités si différentes dans une seule et même fête. D’habitude on consacre une fête à une seule personne. Ici, délibérément, volontairement, la liturgie a réuni deux saints dans la même célébration.
Cela nous donne une première leçon :il n’y a pas d’image toute faite des saints.
Il n’y a pas un prototype du saint parfait. On a encore l’image un peu fade du saint qui a toujours les yeux baissés, qui parle toujours doucement, qui ne se fâche jamais et qui marche lentement dans les couloirs, sans faire de bruit. Cela, c’est l’image parfaite de filles de bonne famille qui étaient éduquées dans les pensionnats au dix-neuvième siècle. Non, avec Pierre et Paul, on voit bien qu’on a affaire à des caractères bien trempés, humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Cela nous permet de comprendre que, si Pierre et Paul sont de grands saints, ce n’est pas avant tout parce qu’ils avaient des qualités exceptionnelles, mais parce qu’ils avaient laissé toute la place à l’amour de Dieu. C’est remplis de cette grâce divine qu’ils ont affronté les difficultés et qu’ils ont annoncé la Bonne Nouvelle.