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Répertoire
Philippe Henne
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Saints Pierre et Paul

Aujourd’hui, exceptionnellement, nous ne célébrons pas un dimanche comme les autres, c’est-à-dire centré sur la personne de Jésus-Christ, mais nous célébrons la solennité de saint Pierre et de saint Paul. C’est la seule fois dans l’année liturgique que nous consacrons un dimanche pour la célébration de la fête de deux saints. C’est bien la preuve que ce sont deux personnages particulièrement importants. Et ils le sont puisqu’on les surnomme les deux piliers de l’Église.

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Paul et Pierre - crédit photo : Lawrence Lew op

Et pourtant ils étaient fort différents.

Pierre était un homme spontanément généreux. Il avait promis à Jésus de le défendre si jamais on voulait l’attaquer au jardin des Oliviers. Il avait commencé à le faire, en tirant son épée et en blessant un des serviteurs du grand prêtre, mais après cela par trois fois il prétendit ne pas connaître Jésus. Il était à la fois généreux et un peu timoré. Saint Paul était tout à fait différent. Il a toujours été fougueux et emporté, sans contrainte ni mesure. Il employa le même zèle et la même violence pour combattre les chrétiens et pour ensuite annoncer la Bonne Nouvelle aux païens. Rien ne pouvait l’arrêter, une fois qu’il avait décidé de se lancer dans l’aventure.

C’est très beau d’unir ces deux personnalités si différentes dans une seule et même fête. D’habitude on consacre une fête à une seule personne. Ici, délibérément, volontairement, la liturgie a réuni deux saints dans la même célébration.

Cela nous donne une première leçon :il n’y a pas d’image toute faite des saints.

Il n’y a pas un prototype du saint parfait. On a encore l’image un peu fade du saint qui a toujours les yeux baissés, qui parle toujours doucement, qui ne se fâche jamais et qui marche lentement dans les couloirs, sans faire de bruit. Cela, c’est l’image parfaite de filles de bonne famille qui étaient éduquées dans les pensionnats au dix-neuvième siècle. Non, avec Pierre et Paul, on voit bien qu’on a affaire à des caractères bien trempés, humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Cela nous permet de comprendre que, si Pierre et Paul sont de grands saints, ce n’est pas avant tout parce qu’ils avaient des qualités exceptionnelles, mais parce qu’ils avaient laissé toute la place à l’amour de Dieu. C’est remplis de cette grâce divine qu’ils ont affronté les difficultés et qu’ils ont annoncé la Bonne Nouvelle.

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Crédit photo : Lawrence Lew op

La deuxième leçon de cette double fête, c’est que la vie d’un chrétien n’est pas la vie d’un héros solitaire,

mais celle de gens attentifs à travailler en équipe, chacun reconnaissant dans l’autre un frère avec ses qualités et ses limites. Chacun travaille dans son domaine dans le respect de l’autorité dévolue à l’un, et pas à l’autre.

C’est ce que saint Paul a bien montré au début de sa vie missionnaire. Après avoir prêché plusieurs mois, il a voulu aller à Jérusalem pour rendre compte de ce qu’il avait fait et surtout pour recevoir l’approbation de Pierre. Paul avait peur de courir ou d’avoir couru pour rien.

La célébration commune de saint Pierre et de saint Paul est pour chacun d’entre nous un bel encouragement à donner le meilleur de nous-mêmes dans le respect des autres et de l’autorité, en reconnaissant nos propres qualités et en appréciant celles des autres. C’est ainsi que nous pourrons construire une belle communauté, celle des enfants de Dieu.

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Crédit photo : Lawrence Lew op