L’Évangile d’aujourd’hui commence par une bien curieuse béatitude : « Bienheureux les pauvres en esprit ».
L’expression paraît malheureuse : quand on dit de quelqu’un qu’il est « pauvre en esprit », cela veut dire qu’il a un léger handicap mental ou intellectuel. Il est difficile de croire que le Seigneur nous invite à renoncer au plein usage de nos facultés intellectuelles et mentales pour pouvoir arriver au ciel.
Non, cette expression veut éviter de se concentrer sur ceux qui sont économiquement pauvres. En aucune façon, dans le Bible, le Seigneur n’a encouragé l’exploitation des plus petits et des plus pauvres. Bien au contraire, les prophètes ont vivement critiqué les riches et les nantis pour leur égoïsme. Le prophète Amos n’avait pas hésité : il avait insulté les riches bourgeoises de Samarie en les traitant de « vaches de Basan ». Le Christ lui-même sévèrement condamné l’indifférence de l’homme riche qui faisait sans cesse des festins avec ses amis alors que le pauvre Lazare gisait devant sa porte, couvert d’ulcères.
Non, la pauvreté matérielle n’est pas une bénédiction. Elle est un fléau que tous les grands saints, comme Mère Teresa et Soeur Emmanuelle, ont voulu combattre. Les bienheureux dont Jésus parle aujourd’hui,