Ce soir, nous ne célébrons pas un anniversaire, nous ne commémorons pas un événement exceptionnel qui s’est produit il y a un peu plus de deux mille ans. Bien au contraire. Le récit de Noël n’a pas été écrit une fois pour toute car la bonne nouvelle de Noël continue de s’écrire chaque jour au cœur même de notre propre monde, au cœur même de notre propre humanité. Le Dieu qui se révèle à nous dans ce tout-petit, fragile et qui n’attend qu’une chose que nous le prenions dans nos bras, ce Dieu-là n’a jamais fini de naître. N’est-ce pas la raison même d’une naissance ? Naître est un acte sans fin pour la simple et bonne raison que toutes et tous, nous sommes des êtres en devenir. Nous vivons de cette espérance que chaque matin nous naissons à nous-mêmes avec toute cette part d’inconnu qui se laissera découvrir tout au long de la journée mais également forts de tout ce que nous avons déjà vécu et qui constitue le socle de vie à partir duquel nous pouvons advenir à nous même. Naître nous fait ainsi prendre conscience que nous sommes appelés à quitter un monde ancien pour oser entrer dans une vie nouvelle, chaque jour renouvelée. Naître, c’est se reconnaître un être inachevé qui a reçu ce don divin de participer à l’accomplissement de sa propre destinée tout en sachant qu’un jour il mourra et naîtra ainsi à la vie éternelle. Noël, n’est donc pas un événement simplement historique. Noël se vite chaque jour lorsque nous acceptons que nous attendons un enfant et que nous laissons notre Dieu naître en nous. Depuis l’événement de la Pentecôte, est venu pour toutes les croyantes et croyants du monde la possibilité d’engendrer Jésus, de le mettre au monde, de le mettre dans notre monde. Noël s’invente ainsi chaque jour car le naissance de Dieu a pour vocation de se perpétuer. C’est donc bien à nous de créer des lieux, des espaces, des moments où Dieu peut se manifester à la face de sa Création. Chaque parole de réconfort, chaque geste de tendresse, chaque regard bienveillant, chaque attitude solidaire sont pour nous des manifestations divines. Dieu se laisse ainsi découvrir dans notre quotidien le plus banal, dans l’instant présent le plus ordinaire, dans nos étables fragiles et fragilisées par les événements de nos existences. C’est là que Dieu est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Ne cherchons plus son étoile dans le Ciel. Noël, c’est un peu comme si Dieu s’était enfui de ce lieu pour venir vivre avec nous. Il se présente à nous dans cet enfant pour nous rappeler que rien n’est jamais figé une fois pour toute, que nous sommes appelés à grandir, que nous sommes conviés à advenir. Pour ce faire, il ne faut pas grand-chose et en même temps cela nous prendra de l’énergie : Dieu se vit dans la tendresse et dans l’amour. Chaque fois que nous sommes capables de l’exprimer et surtout d’en vivre, Dieu est là. L’amour que nous offrons est signe visible de sa présence. C’est pourquoi il se révèle à nous dans un enfant. Comme tout petit être qui vient à la vie, l’enfant Dieu est un être relationnel. Il est nourri par les relations. Il ne peut s’en passer. Par son incarnation, le Père vient susurrer au cœur de chacune et chacun de nous : « J’ai besoin de toi. Je ne peux me passer de toi. Je ne peux vivre sans toi. Tu es ma raison d’être par excellence. Je t’aime. Prends-moi dans tes bras. Je te fais tellement confiance que je suis devenu comme toi. Notre humanité divine partagée nous conduit à nous aimer et cet amour divin se réalise chaque fois que tu m’aimes, nous dit Dieu, mais aussi chaque fois que tu aimes car c’est dans l’amour et par l’amour que se construit mon royaume, car c’est dans l’amour et par l’amour que je puis me manifester au monde ». Noël est donc bien plus qu’un conte. Noël transforme notre vie et lui donne déjà un goût de résurrection lorsque nous l’écrivons avec l’encre divine de l’amour.
Bonne et joyeuse fête de Noël.
Amen.
Noël
“Dites, j’attends un enfant”. Certains d’entre vous s’étonneront d’une telle affirmation dans ma bouche tandis que les plus hardis se diront « vu son ventre, cela fait des années qu’on se dit qu’il attend un enfant ». Oui, j’attends un enfant et peut-être devrais-je plutôt affirmer « nous attendons un enfant ». Pour la majorité des enfants, le temps de gestation est de quarante semaines, tandis que pour cet enfant précis que nous attendons, il n’aura été que de quatre semaines, celles du temps de l’Avent. Nous avons donc attendu un enfant et en cette nuit de Noël, nous pouvons célébrer sa venue au monde, sa présence parmi nous, voire mieux encore sa présence en nous.