Mais il y a peut-être aussi une autre leçon à tirer de cet Evangile. Marie ne reconnaît pas Jésus. Et pourtant, cela fait des semaines qu'elle est avec lui sur les routes de Palestine. Cela fait des semaines et des mois qu'elle l'écoute, qu'elle le regarde. Elle pourrait le reconnaître dans une foule épaisse et compacte. Et pourtant elle ne le reconnaît pas alors qu'ils sont là, tous les deux, dans le jardin. C'est que Marie, comme chacun d'entre nous, a son image de Jésus. Elle croit le connaître, mais elle n'en connaît qu'un aspect. Oh ! Cet aspect n'est pas faux, mais c'est un aspect, partiel, incomplet. Combien de fois ne sommes-nous pas étonnés par la réaction de notre conjoint, de notre confrère ? Nous pensions lui faire plaisir et voilà qu'il explose de colère. Nous croyons bien faire et nous avons été maladroits. Chaque être humain, comme ce petit enfant qui va être baptisé, est beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe que nous pourrions l'imaginer. Jamais nous ne pourrons le saisir. Jamais nous ne pourrons le tenir. « Ne me touche pas ! », dit Jésus.

Que nous reste-t-il alors ? Il nous reste le bonheur de l'avoir rencontré, la joie de pouvoir l'annoncer, l'espoir de pouvoir l'approcher à nouveau afin de vivre auprès de lui pour l'éternité.