L'étonnement n'est d'ailleurs pas quelque chose d'anodin. Il fait partie de nos existences. Et il est bon de pouvoir s'étonner de temps à autre sinon la vie ne serait qu'une succession de séquences prévisibles. L'étonnement peut nous mettre du baume au c½ur, de la joie profonde en nous lorsque nous sommes confrontés à des situations merveilleuses telle qu'une surprise, la beauté d'un lieu, l'inattendu d'une rencontre ou d'une situation et que sais-je encore. L'étonnement donne une autre couleur à la vie, un peu comme une suite de notes sur une portée dont on changerait de temps à autre la clé de sol en clé de fa ou en clé d'ut pour offrir une tonalité différente. L'étonnement crée d'une certaine manière une forme de scission dans le lot de notre quotidien. Il peut s'agir d'un éclair ou d'une lumière nouvelle. Il s'inscrit dans notre histoire subitement, sans que l'on puisse s'y attendre. Il y a toutefois lieu de reconnaître que nous pouvons aussi faire l'expérience d'étonnements moins heureux lorsque le cours normal de l'existence est traversé par une rupture douloureuse telle que la confrontation à l'injustice de la maladie, la perte d'un être cher, un changement subit de situation professionnelle, une remise en question difficile. Il n'y ici plus de place pour l'émerveillement et les réjouissances. Nous sommes confrontés à la découverte pénible que notre vie ne suit pas le cours normal que nous avions espéré. Notre musique intérieure ne sonne plus juste, voire pire la mélodie nous semble tout à fait fausse. Nous risquons alors de nous enfermer dans une spirale dont nous pouvons avoir l'impression qu'il est quasi impossible de nous libérer tellement nous nous sentons liés à la situation nouvelle qui ne fait plus qu'un avec nous. Pourtant les forces de vies en nous nous convient à chercher, à l'instar de Zacharie dans l'évangile entendu, à nous délier de ce qui nous emprisonne, à trouver en nous la voie qui nous permettra non pas de donner sens à l'insensé mais de chercher à comment vivre autrement notre propre existence, c'est-à-dire à permettre à ce qu'une fleur puisse à nouveau éclore au plus profond de nos entrailles. Nous sommes face à la question existentielle du « que sera donc cet enfant ? » ou en d'autres termes « qui vais-je devenir ? » ou « comment advenir à l'être que je suis devenu ? ». Le destin étonnant qui nous a frappé a transformé la poursuite de notre destinée. Il n'y a pas de réponse toute faite, juste une espérance qui prend le temps de se découvrir. Pour ce faire, nous sommes invités, comme Jean le Baptiste, à entrer dans notre désert intérieur : un désert non pas vide et voué à une vaine solitude mais un désert rempli de tout ce qui a fait la richesse et la beauté de notre être, un désert plein de la présence divine se révélant dans la tendresse de celles et ceux qui croisent notre route, un désert qui nous permettra peut-être un jour d'être à nouveau étonnés mais cette fois étonnés de Dieu dans le regard d'amour de nos proches. Et cet étonnement-là, nous remettra sur le chemin de notre vie.
Amen.