En effet, croire en la résurrection est quelque chose d'étonnant car personne ne peut affirmer avec précision ce que ce mot veut dire, quelle réalité il tente de décrire. Un peu comme si lorsque nous parlons de résurrection, nous entrions dans un monde où tous les mots se mettent à trembler. Parce que la résurrection est le seul mot dont nous ne connaissions rien par définition. Alors, il ne nous resterait plus qu'à nous en aller, quitter cette église ? Non car la résurrection explose dans un silence qui ne peut s'entendre nulle part ailleurs si ce n'est en Dieu. Par là, nous découvrons que la résurrection n'a rien à voir avec le doute ni avec la certitude. C'est une simple affaire de confiance. Nous sommes donc face à un profond mystère qui ne peut se résoudre de manière rationnelle. Nous pouvons seulement accepter d'y entrer et de nous laisser habiter par celui-ci.Mais pour ce faire, il n'y a, je crois, qu'un seul chemin. Le mystère de la résurrection se laisse découvrir dans la relation. En effet, c'est parce que nous sommes en relation personnelle avec le divin, que nous prenons conscience que nous vivons de sa présence. Nous pouvons alors tenter de comprendre ce qui nous dépasse. Et entrer en relation avec le divin n'est pas quelque chose d'aisé puisque nous ne le voyons pas, nous ne le sentons pas, nous ne l'entendons pas. En tout cas pas directement. Non, nous le ressentons. Comme si Dieu n'acceptait de se dévoiler que de manière indirecte à ses créatures. Dans ce chemin de foi, au départ, d'autres nous ont parlé du Christ, de sa vie, puis un jour, nous avons choisi de croire et de suivre cette route parsemée de certitudes et de doutes. La relation à Dieu, se construit alors comme toute relation. Elle prend du temps, le temps de la découverte mutuelle. Le temps nécessaire pour que nous puissions nous apprécier, nous aimer.Puis vient le temps du silence, du bien-être ensemble. Ce temps où les mots importent peu car le silence grave en nous quelque chose de beau et que nous ne savons définir. La relation ainsi établie s'enracine en chacune et chacun de nous. Et nous la nourrissons par ce désir, ce besoin incessant de rencontres. Nous prenons alors conscience que toute relation est comme un rêve, c'est-à-dire qu'elle meurt le jour où nous les abandonnons car la relation se nourrit par les rencontres. Mais même lorsque les chemins se séparent, tout n'est pas perdu car l'être aimé habite ce que nous sommes devenus. Il en va souvent ainsi dans nos relations humaines. Il en va sans doute de même dans notre relation avec Dieu qui est à la fois présence et absence. Cette dernière nous conduit devant un tombeau où un homme vêtu de blanc nous dit : " il est ressuscité ; il n'est pas ici. Voici l'endroit où on l'avait déposé ".Le tombeau est vide. Dieu le Fils est absent. Il est s'en est allé vers un ailleurs ou plutôt vers la vie promise pour chacune et chacun d'entre nous. Il est donc à la fois sentiment d'absence mais également de présence. Une présence que nous vivons lors de ces rencontres intimes que nous nous offrons où nous pouvons poser en lui ce que nous sommes, ce qui nous anime. Fort de cette relation, nous nous arrêtons alors autrement devant cet espace vidé de tout si ce n'est de la présence divine et nous reconnaissons que par delà le mystère de la Résurrection, nous sommes conviés à croire en une expérience merveilleuse : l'amour est plus fort que la mort. Cette dernière est vaincue et nous aussi nous en ferons l'expérience. Un jour, nous passerons de la vie à la vie éternelle. Telle est la promesse du Christ contenue dans le mystère de Pâques. Une vie par delà la vie. Nous ne pouvons pas le comprendre seulement le croire et l'espérer : oui, Jésus le Christ est vraiment ressuscité.Que la joie de notre espérance résonne en cette nuit pascale.
Amen.