Et voilà que les apôtres nous donnent un premier témoignage d’unité: ils auraient pu se disperser après la mort de Jésus, rentrer chez eux et se mettre à pleurer. Ils se sont bien au contraire regroupés au Cénacle avec la Vierge Marie. Ils nous donnaient ainsi un exemple à suivre: rester unis dans la prière, comme nous le faisons aujourd’hui dans cette église. Personne n’a pour le moment l’idée générale qui résoudrait tous les problèmes du monde ou de l’Eglise. Ou plutôt beaucoup d’entre nous ont trouvé la bonne solution: celle de la prière et du dévouement vécu en Eglise.
Et cela demande un changement dans notre coeur. Nous risquons d’être emportés par le vent du pessimisme qui balaie toute notre société et qui empoisonne tous les journaux télévisés. C’est vrai: le mal existe dans le monde. Nous le savons. Nous le voyons. Mais nous savons aussi que le mal n’a pas le dernier mot parce que le Christ est ressuscité. L’amour de Dieu est plus fort que la mort. Nous ne savons pas au juste comment, mais nous savons que les perce-neige de l’espoir déchirent le sol encore gelé, que la sève de la vie réveille les arbres endormis, que les bourgeons de l’amour s’ouvrent petit à petit sur les branches de notre coeur. Certes, ils sont bien fragiles, ces bourgeons: une vague de froid, une averse de grêle pourraient les détruire ou les abîmer, mais ils poussent.
C’est comme les signes de vie et d’amour dans notre communauté et dans celle des apôtres réunis au Cénacle. L’une d’eux aurait pu se laisser abattre et tenir des propos décourageants. Mais les autres, soutenus par la prière, pouvaient et devaient lui montrer les petits signes de résurrection qui pointent ici et là. Et c’est le souvent dans les gestes de solidarité, dans les oeuvres de charité ou tout simplement dans de petits services rendus que cette lumière chaleureuse de l’amour de Dieu peut pointer et se manifester.
C’est comme dans l’eucharistie d’aujourd’hui. Ce n’est pas grand-chose, un petit morceau de pain, mais c’est le Christ tout entier qui se donne à chacun d’entre nous, mais nous le recevons pas tout seuls. Nous le recevons ensemble, en communauté, dans cette église. Nous sommes tous rassemblés autour de cet autel, portés par la prière de nos frères et soeurs.
Oui, nous vivons une drôle de période, à la fois bien triste et menaçante, mais aussi remplie de petits signes, de vie, d’amour et de résurrection. Ce sont autant de clins d’oeil que Jésus nous fait. C’est à nous de les voir et de lui dire merci.
Philippe Henne, op